J’en avais déjà parlé sur le ton de la blague de cette perception de la motarde auprès des gens en général et des motards en particuliers.
Il y a quelques temps de ça, une aspirante réalisatrice voulait parler des femmes dans le monde moto et m’avait interrogé sur ma vision en tant que motarde. Je lui avais répondu que dans ma génération je ne sentais pas de clivage. Que mes potes, entre 20 et 40 ans étaient souvent content d’avoir des femmes qui roulent avec eux, fières parfois au début, considérant la chose comme normal au fil du temps. Je n’ai pas de souvenir d’avoir été considérée comme différente d’eux.
C’est quand je regarde dans la génération au dessus que je perçois parfois un comportement un peu différent. Ça tient plus du paternalisme et c’est « pétrie de bonnes intentions ». Mais les remarques et les attitudes ne trompent pas. Quand j’ouvre une balade, que je manœuvre ma moto ou que je m’intéresse à une de leur discussion je sens qu’ils ne me considèrent pas toujours comme l’une des leurs. Du fait de mon âge? Peut être aussi. On ne demande qu’à moi si « ça va aller quand même? », si je « suis sûre que c’est la bonne direction? », si je pense « que c’est une tenue appropriée pour rouler? », si je « m’y connais vraiment en bécane? ». Je n’entends pas souvent ces questions posées à un acolyte qui aurait occupé la même place juste avant moi. (En vrai je ne m’y connais pas vraiment en bécane, mais ce n’est pas génétique, je crois.)
Je me dis qu’à force de voir leurs femmes, leurs filles passer le permis et de voir leurs fils accepter ça sans soucis ça changera, doucement. Jusqu’à ce qu’ils ne roulent plus qu’en 4 roues, avec 2 petites devant.
Mais finalement le vrai fléau, celui qui me met en colère, c’est celui du mec de tout âge, de toute moto, probablement de toute classe sociale, celui qui se sent assez supérieur à la femme pour donner l’impression que ça le fait bien chier de voir des femmes au guidon. C’est vrai quoi??! Il lui reste quoi à ce type sinon?! Elles peuvent pas rester dans la cuisine à boire leur mojito ces morues et lui lâcher la grappe au moins pour une balade entre couilles?
« Article » d’un mec qui a mal dormi dans Moto et Motard #pauvremotard
C’est exactement ce qui me vient à l’esprit quand je lis cet entrefilet avec lequel j’aurai mieux fait de me torcher tellement j’ai les yeux qui saignent. Condescendance, jugement, ordre… Toute la misogynie y est. (Ah c’est pour rire? Non.) Je n’ai pas souvenir d’avoir lu ce genre de « critique » sur des aventures masculines, qu’on trouverait forcement potache, second degrés et tellement virile! Malheureusement si c’est un des messages les plus violents que j’ai lu dernièrement, c’est plutôt monnaie courante. « Les filles jolies et apprêtées qui nous font l’honneur de leur présence. » « Elles ne sont pas que jolies, elles roulent aussi. » « J’adore votre look dans votre dernier voyage. » « Quel homme vous a donné envie de passer votre permis? »… Même David Beckham a plus de considération pour ces rides de mannequin de luxe au bout du monde. C’est dire.
Alors il faut faire quoi? Non pas que je roule pour défendre une cause et qu’on dise en plus ce que je voudrai entendre (quoi que j’aurai du mal à vous dire que je n’aime pas ça). Mais à quelle moment on arrêtera de nous considérer comme des fillettes, au mieux à « paterner » au pire à coller en photo à poil sur une moto bien kitsh?
Putain les mecs vous devriez être flatté, on veut tout faire comme vous. C’est quand même un sacré signe de reconnaissance. Non?
Motardes, motards, faites moi part de toutes les pépites tombées dans vos oreilles, de ces moments mythiques dont vous avez été témoins. Qu’ils fassent rire ou vous donnent envie de faire péter les rupteurs. Il faut que le #pauvremotard se rende compte que ce n’est que le début (de l’invasion).
A Chick On A Bike 
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