Santa Paula > Palm Springs – #CaliforniaProject [ROADBOOK]

Vous avez une chance inouïe, vous n’avez pas encore fini ce roadtrip. Je vous envie depuis ma chambre à Los Angeles. Pour moi la moto c’est déjà fini mais pour vous il reste encore quelques étapes. Profitez-en, vous verrez à la fin on se sent un peu triste.

J’étais donc en train de quitter Santa Paula en direction de Palm Springs, avec dans mon GPS un détour pour la route 2 que m’avez conseillé mes hôtes. Pour y arriver il  me fallait affronter la highway américaine, la vrai, de celles qui entourent la mégalopole los angelessienne. C’est large, c’est très pourri et ca va très, très vite ! Moi qui avait un peu peur de la sirène de police si je faisais un écart, je me rends compte que les locaux n’en ont rien à foutre ! Ils roulent largement au dessus des limitations de vitesse, doublent à gauche ou à droite et même qu’ils conduisent dans les voies réservés au co-voiturage alors qu’ils sont seuls. Ils ne respectent rien ces américains. Assez fière de moi, j’arrive quasiment à la fin de cette première partie de route sans encombre quand je me plante de sortie. Non seulement il faut regarder les numéros de routes, le nom et le chiffre des sorties, mais il faut aussi connaitre la direction cardinale. J’ai donc pris sud, au lieu de nord. BIM, 3 miles de rab jusqu’à la prochaine sortie. Je n’ai pas le temps de me lamenter que j’aperçois au loin les buildings de L.A. émerger du smog. Magique. Ce sera le seul panorama de la ville que j’aurai, je me réjouie maintenant d’avoir perdu le nord.

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Mais si la bas au loin on voit un truc… C’est L.A. !

Je fais le plein pour anticiper les prochains 80 miles sans station service et je me lance sur cette route 2 sans trop savoir ce que je vais y trouver. C’est sur cette route que Joy a eu son accident exactement 1 an plus tôt. « Beware of the mini vans, they drive fast and don’t look for motorcycles. But the road is nice anyways. » Etrangement je ne retiens que le truc sur les mini-vans. Je me rassure en me disant que je ne peux pas faire 1 accident par an, que moi aussi j’ai déjà donné et que j’espère que ce quota servira encore pour un grand nombre d’années. Je me lance, ravie de retrouver enfin des virages. La route est belle, bien entretenue, l’exact opposée de la highway. Je grimpe quelques kilomètres avant de m’arrêter pour regarder le décor. Que c’est beau ! Que c’est grandiose ! Que c’est … Je n’ai plus de mots. Encore plus impressionnant que la Green Valley en arrivant à San Simeon et sous le soleil. Je suis dans une photo Instagram. Vous voyez, celles qui montre des routes qui serpentent dans la nature, qui disparaissent au loin, le rêve du motard ? Et ben j’étais dedans, enfin dessus, sur cette route. Je passe d’un décor un peu jaune et sec, à de grands pins de hautes montagnes, je vois au loin un plaine à gauche, puis un défilé de collines vertes à droite. Je ne sais plus où donner de la tête et de l’appareil photo. Je veux m’arrêter tous les 4 km pour retenir tout ce que je vois. Je veux rester la haut. Je veux refaire cette route encore et encore. Je garderai longtemps le souvenir de ce calme, de ce rien qui rempli tellement.

Arrivée de l’autre côté de la route à Evergreen, j’ai faim. Le beau c’est beau, ca nourrit l’âme, mais un bon Tuna Melt US ca nourrit le reste. L’hiver, Evergreen est une petite station de ski, l’été ca semble être le royaume du redneck. Des bons gros bikers, des barbes longues comme un apehunger, des tattoos loup garous et des gens qui ont trop bu. Le tout au son d’un concert de blues/country devant un drapeau étoilé qui flotte. Murica, dude. Si j’ai pu gardé mon pull et ma doudoune jusque là, j’enlève tout quelques kilomètres plus loin à San Bernardino. De retour sur la highway, même à 70 miles/hour il faut chaud. Je dessèche entre les fôrets d’éoliennes qui brassent l’air du désert. Il est 17h quand j’arrive à Palm Springs, je dis bonjour aux dinosaures (?!), à mon nouvel hôte et je plonge dans sa piscine avec vue sur les palmiers. Pas simple la vie de bikeuse.