Oh Johnny, si tu savais…

Toute la tristesse que tu me fais.

Forcement, s’il y a un moment pour exprimer mon affection pour ses chansons, c’est maintenant. Et en même temps c’est tardif. Les gens qui me connaissent de près, savent que je ne rechigne jamais à pousser une de ses chansonnettes, que je saute sur « La musique que j’aime » à chaque occasion, que je connais les riffs de guitares de ses plus grands succès. Je ne suis pas une « grande fan ». Parce que je ne connais pas tout. Je ne connais que les chansons les plus connues, les plus récentes. Je ne connais pas grand chose de ses acquisitions motomobiles et quasiment aucun de ses tatouages.

Je suis une enfant de la télé et de la génération Star Ac (oui c’est le post confession). C’est pendant la grande époque des émissions de variétés que j’ai découvert Johnny, tout le temps invité. C’est qui ce mec qui en impose autant à travers mon écran, qui est tanqué sur sa scène, qui chante sa chanson que tout le monde reprend en coeur ? Mes parents m’apprennent que mec a toujours existé, qu’ils ont eux aussi grandi avec lui. Ils ne sont pas de « grands fans », mais ont été le voir en concert quelques fois. Moi jamais. C’était ma limite, ma résistance sociale à l’autre monde, celui des « beaufs fans de Johnny et de Harley » que nous autres bourgeois des villes se plaisaient à prendre pour cible en regardant leur drôles de portraits dans cette même télé. On ne pouvait pas être comme eux, tête de loup et mauvais portrait gravés dans la peau, sosies au festival de la saucisse le week-end. Eux l’aimaient et l’assumaient. Ils étaient aux premiers rangs de tous les concerts.

Et puis les caméras ont dézoomé, après toutes ces années le taulier était toujours là, et on s’est rendu compte que ces bourgeois des villes étaient aux 3me ou 4me rangs. Dans les loges, les places chères, mais là quand même. Qu’ils connaissaient aussi les paroles, qu’ils levaient les mains tout pareil sur Gabrielle pour dire qu’eux aussi voulaient « mourir d’amour enchainés ». Pendant ce temps j’avais appris toutes ces paroles par coeur, je chantais avec Jenifer, Nolween, Lara Fabien devant ma télé pendant ses concerts au Stade France. Et puis nos artistes modernes, la même génération que la mienne, l’ont entouré dans sa vie, sa musique, sur sa scène. Ils l’ont joué dans la Madeleine, des mecs de 40 ans qui n’ont jamais connu un monde musical sans lui.

Depuis 10 ans mes ami(e)s se marrent en me demandant ce que je ferais, ce que l’on ferait le jour de sa mort. On parlait en rigolant de jour férié, de gens qui pleurent dans les rues, un peu curieux. Je n’avais aucune idée de la journée d’hier. La dernière mort qui a tant touché le public c’était Lady Di, autant vous dire que le lien entre les 2 paraissait faible à première vue. J’étais triste quand j’ai appris la nouvelle, je ne lis pas les news people, je savais à peine qu’il était malade. On m’a proposé de me joindre au cortège, je voulais le faire en passagère pour tout regarder, tout capturer. Qu’on soit fan ou non, qu’on apprécie ou pas ses chansons, on ne peut pas nier le monde qui était là samedi. La foule de gens tristes et heureux de se voir rassemblés. Pour moi ça ne change pas grand chose, ses chansons seront toujours là, on pourra toujours autant rire de ses sosies, le chanter en fin de soirée. Mais on ne le verra plus chanter, en imposer autant à travers l’écran,  tanqué sur sa scène et voir tout le monde reprendre ses chansons en coeur.

J’ai failli rater ça par peur du monde, mais j’ai bravé la foule pour tous les concerts que je n’aurai jamais fait, pour chanter au moins une fois avec les gens qu’ « On a tous en nous quelque chose de Tennessee ».

*Merci à JP mon pilote*