Je débute donc mon tour dans les Alpes par mon premier Morzine Harley Days. Grand raout estival pour les bikers européens, c’était sur ma liste des événements à faire. A-t-on un badge spécial quand on aura fait tous les événements Harley-Davidson ? Parce que je suis bien partie pour en cocher pas mal.

Je rejoins mes parents à Grenoble direction la Savoie, en passant par la tartiflette. Il faut savoir s’intégrer rapidement lorsqu’on voyage. Une fois sur place, j’abandonne mes parents pour la team HD. Aucun suspense sur cette partie du voyage : ce fut encore un super week-end fait de rires, balades, de photos, de concerts avec les plus belles vues et de cocktail Jack and lime à volonté. Quelle dure vie de bikeuse. Par contre Morzine et ses Harley Days m’ont surprise. Une ambiance extrêmement sympathique, des animations et des stands partout, énormément de monde et des concerts géniaux. Tout ca dans un événement totalement gratuit ! C’était différent de tout ce que j’avais fait jusqu’à présent et c’est à ce jour l’un des meilleurs événements Harley-Davidson auquel j’ai participé. Le cadre des montagnes tout autour est magique. Et quand vous en avez marre du bruit des moteurs, en un coup de télécabine vous prenez un peu de hauteur et de calme. Le rêve.



Après 3 jours de fête, arrive le vrai début du voyage. Finies les journées où l’on passe plus de temps à pied qu’à moto, finies les nuits presque blanches et les matins inexistants. Maintenant il faut se lever, la route nous appelle et il va falloir enchainer les kilomètres. Il y en a plus de 4000 qui m’attendent. Gaëlle me rejoint, c’est avec elle que je vais passer ma 1ere semaine entre Suisse et Forêt Noire. Chaque année on se fait une semaine de roadtrip, c’est notre tradition. La Foret Noire on en parle depuis longtemps, c’est maintenant. Mais pour y aller, on ne peut pas passer aussi près des cols magiques de la Suisse sans se faire le (presque) grand chelem.

On passe la frontière très vite. Direction Interlaken. J’ai découvert ce lac il y a 2 ans quand j’ai retrouvé les américaines en voyage en Europe. Au pied du Grindelwald, montagne impressionnante qui le surplombe, on s’est retrouvé face au brouillard mais je savais qu’il était là, derrière le gris. J’ai davantage profité de Silvi et Lisa, 2 suisses que j’avais rencontré en 2016 et avec qui j’ai gardé contact. Trop heureuses de partager un Hugo ensemble après tous ces kilomètres, on se fichait bien de la pluie.

2me jour, on se lève encore sous le pluie. Je suis de mauvaise humeur, je l’avoue mais j’assume, je contrôle d’ailleurs, je suis déjà au guidon de ma moto direction Andermatt où j’ai rendez-vous avec l’une des plus belles journées du voyage. Et là personne ne nous arrête. Grimselpass sous le soleil ET dans le brouillard en un clin d’oeil. Furkapass et son glacier qui donne naissance au Rhône. La Tremola qui n’est fait que de pavés mouillés et le San Gottardo en travaux. Wow, c’est beau. On a bien mérité les rosti locaux pour nous remettre d’aplomb et une bonne nuit sous un édredon tout aussi local. Le lendemain on est repartie pour l’autre des plus belles journées : le Sustenpass, avec ses longues lignes droites pour que tu puisses bien voir le paysage qui vient à toi, puis la neige au bout du tunnel, puis les virages au milieu des pins pour la descente. On ne devrait jamais quitter la Suisse.






Mais on avait prévu d’aller voir la Foret tellement foncée qu’elle a l’air noir. Alors on s’en est tenue au programme et on a traversé une autre frontière. Celle au delà de laquelle il n’y a plus de limites de vitesses, où les gens roulent très vite et tout d’un coup très lentement. Celle des gens durs qui n’ont pas l’accueil affiché sur leur visage. Je vais faire des généralités nulles, mais je n’ai pas socialement bien vécu mes 15 jours allemands. Ca a été une épreuve pour moi d’être confronté à des gens froids, qui n’expriment rien et qui ne te regardent pas. Trop française, trop sudiste (déjà) ? Je n’en sais rien, mais les gens de l’ouest de l’Allemagne et de Berlin m’ont laissé un souvenir moy-moy. Heureusement, quand il n’y a pas les rencontres, il reste les routes. Celles de la Foret Noir sont soient parfaites, pour les plus fréquentées, soient carrément pourries, pour celles qui serpentent dans les bois. Pas de juste milieu. Ca tourne, ca monte, ca descend, ca cailloute et ca gravillone. Ca laisse le temps de voir les paysages, les chèvres et de ne croiser que peu d’autres véhicules. Par contre, même ces routes sont limitées à 100Km/h, donc attention aux camions qui respectent les panneaux à la lettre. Ca peut surprendre. Dans cette Foret, quelques villages et beaucoup d’arbres, beaucoup, beaucoup. Peu de lacs accessibles, peu de points de vues. Au bout de 3 jours ca nous semblait un peu redondant et on n’a pas eu de regret de quitter la zone. Gaelle retournait à Paris par l’Est de la France et moi je continuais mes aventures vers Berlin. Non sans détours, bien sûr.



J’ai pris vers le Nord, Baden-Baden et j’ai suivi le Rhin jusqu’à Mayence. Voila une partie qui m’a davantage laissée de souvenirs. J’ai besoin de perspectives, de panorama, de voir loin. Et les bateaux, les quais et les villages traversés m’ont davantage raconté de choses que les arbres noirs. Ca m’a d’ailleurs donné envie de reprendre d’autres portions tracées par le fleuve encore plus au Nord du pays. Puis j’ai laché le Rhin pour aller à la rencontre de Louis, aka Mister Enduristan. Il m’a accueilli pour une étape sur le route de Berlin, m’a présenté les produits qu’il commercialise et a remplacé les sangles qui tenaient mon bagage parce que la vue de mes tendeurs lui était insupportable. Il a bien fait, parce que ces sangles sont parfaites et bien plus pratique pour ne pas me coincer les doigts en attachant mon barda.



C’est donc bien sanglée que je pars pour une grosse journée de grosse chaleur pour 6 h d’autoroute vers Berlin. C’est droit, c’est plat, c’est chaud (mais heureusement pas autant que la canicule qui tapait sur le Nord de l’Europe cette même journée), c’est bien chiant. Rien à voir au centre de l’Allemagne que des champs et des champs. Ce n’est qu’autour de Iéna que je retrouverai un peu de paysages, avant d’arriver brulante dans la grande ville. 5 jours de tourisme et enfin Les Petrolettes, raison de ma traversée du pays.
photos Morzine @lionelbeylot